TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

archives

AUTRES TENTATIVES //

[directions]

#en vues fugitives, Franck /Anne

samedi 3 novembre 2012, par C Jeanney

De dos, il porte un sac à dos et une veste de jean, cheveux châtains, 1m77, il fume, je ne sais pas ses doigts, de quelle manière il tient la cigarette, index majeur anecdotiques ou le pouce plié, ni quelles mains leur forme, je ne sais pas ses mains, marques, cicatrices, Béthune, c’est Franck.

Une femme derrière lui, jeune, cheveux longs ou noués, mèches qui dépassent du col, manteau long, gabardine ou blouson, une écharpe qu’elle laisse flotter ou qu’elle resserre, marche assez vite, il fait froid brutalement, le vent sec, je crois savoir le mouvement de sa tête lorsqu’elle parle, Anne, est-ce le même lorsqu’elle marche, ne sais pas, ni si je marche aussi.

Je marche, Hôtel Le Vieux Beffroy, à l’angle la rue Albert 1er et vers la rue Sadi Carnot j’avance, tour carrée rouge, je m’en souviens, la place pavée, l’impression fausse ou vraie qu’elle se décline au centre, centre, centre d’arrêt, justement, et c’est tout droit ou presque, au bout la rue d’Aire, que Franck marche, qu’Anne marche, je marche avec eux derrière eux ou devant, séparés nous marchons, dans des tuyaux parallèles et opaques.

Abattu froidement à bout portant. Jourdain, Oberkampf, je n’y suis pas. Mais Wimereux oui (je me perds dans les dates, toujours, depuis le premier jour d’école, première date du premier septembre au pupitre, écriture stylée en haut du tableau vert, point de repère tactique et important qui me refuse l’accès, que je peux lire - je peux tout lire quand les autres déchiffrent - mais ne m’évoque rien, poussière, froideur, une étrangère ici, terrain hostile, la terre bouge, je glisse sans interruptions). Wimereux, soir à Wimereux, plusieurs soirs. On partait de Lille, de Roubaix, on roulait sans arrêts get back sur la cassette retournée et retournée encore, en bordure de plage se garer à la nuit tombante, personne. Quai Hazebrouk et des bâtiments neufs ou quasiment, des balcons recopiés l’un sur l’autre, une plante ou un balai pour les différencier, lignes de bleu de blanc pour confirmer le sentiment de maritime villégiature. Rue du capitaine Ferber, en construction d’autres appartements, il n’y aura qu’à descendre le matin, au bout la mer. Boulevard Alfred Thiriez, club nautique de Wimereux, carrelage bleu et blanc et une lumière en forme de bouée sur la façade, get back sur la promenade, trimaran, bateaux, on s’en moque, nous on veut voir la mer.

10 ans après Franck, j’habite avenue Sully (suivre l’avenue du Pont des Dames, à l’intersection on remonte la rue d’Aire jusqu’aux grandes palissades, le centre d’arrêt d’où Francksort, Béthune).

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.