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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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L’Instant T de Louise Imagine

mardi 6 décembre 2011, par C Jeanney

Instant T, T de trié, terminé, tendu ? On pense à Tempo, instant de tempo suspendu. A l’intérieur d’une photo et en aller-retour avec la légende de cette photo, le moment, l’Instant T de Louise Imagine dure plus longtemps que prévu.

L’epub provoque une immersion d’entrée avec bande son intégrée (une réalisation de Gwen Català). L’ambiance est grande ouverte : bruits de la vie « calme et tranquille », un chien, des insectes, l’appel sonore d’une campagne reposante, accueillante, disponible, on pourrait s’allonger à l’intérieur.

Au départ une mosaïque de photos assemblées en facettes. Un espace non clos, fragmenté en éclats de sensations. L’Instant T se positionne sur le côté, un écart qui nous place dans une contemplation rare, avec sa stabilité ou son incertitude. Le lecteur lui, n’est pas écarté, devient inclus, spectateur fondu dans l’attente d’un train, la vue d’une ville depuis une hauteur, la réverbération de l’eau sous un pont, l’ombre d’une silhouette au jardin. La légende donne des indices – situations plus ou moins précises, que nous pouvons absorber, pause, pré, gare, entrée de métro – puis s’en dégage comme d’une gangue trop lourde ou trop restrictive pour englober un tout plus large de cette vie qui va (« Quelque part sur Terre  »).

L’existence des événements qui précèdent ou suivront se fait trame ou étages d’un mille feuille invisible. L’Instant T les emmène avec lui à la traine, sillage de bateau. Déménagement, naissance, vacances, des détails à peine effleurés nous unissent au parcours, car nul besoin de précision, on nous fait confiance pour reconnaître le retentissement sensible de ces moments arrêtés entre deux passages, deux périodes, deux horizons.

La forme numérique d’Instant T n’est pas une coquetterie ou un jeu technique. Le fait de pouvoir à tout moment revenir à la présentation initiale de la mosaïque des photos pour venir se saisir d’un autre chemin /engouffrement/ répit, accentue l’impression d’un monde à la fois fugitif, ténu et dense. C’est de l’extrême brièveté dont il est question et peut-être de nos choix de halte, de comment on s’y abandonne.

(il me semble qu’une présentation papier, avec l’ergonomie des pages empilées, enfermerait chacune des photos et légendes dans une sorte de cul de sac, une finitude, et que l’on perdrait cette vision globale un peu mouvante, un peu éphémère, et les interrogations qu’elle porte)

L’Instant T de Louise Imagine, postface d’Isabelle Pariente-Butterlin

maquette et réalisation epup Gwen Català

Collection HORIZONS

sur Publie.net

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