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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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Franck Queyraud dans Le geste en guise de parole (#vaseco de mars 2013)

vendredi 1er mars 2013, par C Jeanney

« (...) pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d’échange généralisé, chacun écrivant chez un autre- ? Suis sûr qu’on y découvrirait des nouveaux sites (...) ». François Bon et Scriptopolis ont lancé l’idée des Vases Communicants.

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Pour ce vase communicant de mars, voilà un échange avec
Franck Queyraud,
(@MemoireSilence sur twitter),
l’homme qui habite dans les Oloé et dont peut suivre
la Flânerie quotidienne ici,
avec ses chemins , contemplatifs et réflexifs,
et ses portraits ( celui-ci par exemple, si émouvant ),
ses déambulations
au fil de questions et de sensations,
d’échos.

Notre thème commun a été les mains,
ainsi ce sont les nôtres qui s’échangent et se rejoignent, peut-être.
(ses mains ici et la mienne - et ceux qui ont de très bons yeux verront que je l’ai posée sur une lettre de Maryse Hache)

Les autres vases communicants de mars 2013 se trouvent répertoriés
à cette adresse grâce à l’énergie de
Brigitte Célérier, toujours attentive !

 

 


Le geste en guise de parole


« Faire des choses avec ses mains. Ses mains et son cœur. C’est rassurant par rapport à l’humanité. C’est aussi un peu une lutte contre la surconsommation sans cœur et sans don de soi. J’adore voir des gens qui font des choses. Pas seulement dans la création artistique. J’adore voir mon voisin quand il fait son jardin. J’aime que les gens fassent de vraies choses. » C’est voix de peintre qui chuchote cela. Marie Morel, un jour. Le geste en guise de parole : expression et acte de vie, respiration, libération. Faire les choses plutôt que les dire ? J’écris pour respirer, être vivant, dire regard que je voudrai partager, et pourquoi ce monde n’est-il pas… ? Il me reste une bonne quarantaine d’années à écrire et resterai toujours en apprentissage. Work in progress… Comment pourrions-nous faire autrement, comment pourrions-nous avoir terminé avant la fin ? Mes mains vont-elles suivre ? Et mon cerveau avec elles ? Voudrais faire de la dentelle… Ciseler pensée pour écrire précisément ce que je vois, sens ou perçois… L’intraduisible autant que le simple. L’intranquille autant que le bonheur. Faire avec ses mains… Ma mémoire est un palimpseste continuel. Oublis, souvenirs, oublis… Avant tout, rechercher origine : besoin fondamental. « Il serait vain de prétendre échapper à un besoin fondamental aussi puissant qui porte l’homme à se retourner vers ses sources, mais l’analyse des sources est peut-être plus lucide et plus pleine si l’on cherche non pas seulement à voir d’où vient l’homme, mais aussi où il est, et où il va peut-être. » Se retourner avant de croquer son propre dessin, inimitable, personnel. Savoir ou plutôt deviner d’où l’on est parti. Et pourquoi ces chutes qui ne sont pas que de neige ? Marcher est un équilibre précaire, chaque pied posé est un risque. Vision tragique de la vie. Que l’on doit accepter. Il est dit dans le livre que je lis : « les marcheurs sont herbivores… les préhenseurs sont omnivores ou carnivores... » Je n’arrive plus à retrouver mon rythme, mon pas… Je regarde derrière moi. Je sais d’où je viens pourtant ; je sais où je vais… souriant. J’enrage. Je regarde mes mains. Et ce présent qui n’en finit pas d’être immobile. Et qui s’essaie à l’intranquillité. C’est mirage, bien sûr. Instants friables, il s’agit... L’univers n’est que mouvement et la main continue d’écrire sur le palimpseste de mon cerveau. Rester confiant : regarder mes mains, lever la tête et apercevoir au loin, une autre main… tendue…


Franck Queyraud


En dehors de la citation introductive, les autres phrases en italique sont extraites de  : Le geste et la parole : tome 1, technique et langage / André Leroi-Gourhan. – Albin Michel, 1964.

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