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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[Oblique (textes /premier jet)]

je vais trop vite

jeudi 24 octobre 2013, par C Jeanney

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je vais trop vite parce que ça se bouscule, la vie bouscule, c’est compliqué parce que la vie est compliquée, terrible parce que la vie te taille en pièces terriblement et te recolle, mais pas toujours, ou mal, parce que la vie répare parfois, et drôle, parce que la vie c’est drôle mais pas sur la durée, par éclats, c’est merveilleusement drôle et pitoyable aussi parce que la vie est pitoyable sans oublier le ridicule et l’ennuyeux, oui ennuyeux parce que la vie est ennuyeuse et touffue parce que la vie se densifie et se mélange, mélange, des fragments, parce que la vie est fragmentée, c’est un fragment sa voix juste à côté de moi, ce quelqu’un un fragment, un moment, un moment physiquement assis, un moment de chair et de bras et de jambes, assis, qui dirait ’ce serait’ lorsqu’il parle, qui dirait ’il faudrait’ lorsqu’il parle, sans jugement ni donner d’ordre, ni prendre un air exceptionnel, simplement posé là, assis, il aurait la parole, ce serait moi qui note, sincèrement, il faudrait s’excuser de tout, enlever sa coque protectrice comme un insecte se sépare des élytres et des pans de sa carapace et apparait dénudé dessous, dénué de tout, ce serait dénué de tout et dénudé de tout parce la vie mange autant qu’on la mange, intégralement, et ce qui apparaît n’est pas joli à regarder, mais ce n’est pas le but, rien d’admirable à ça, être joli, couler dans le sens du poil, être une confiture tiède et confortable, rien d’admirable, le joli n’est pas de la gentillesse, ou faire preuve d’attention aux autres qu’on voudrait épargner, ne pas blesser en gardant leurs yeux tièdes, confortables, le joli ça ne regarde que soi, se dirige vers soi, et faire joli est une médiocrité de plus, mais souterraine, menteuse, dit ce moment assis, sans hargne, c’est un constat, le ’ce serait’ non ça n’est pas joli, ça n’en a pas besoin, dénué, dénudé, insecte dépiauté, le ’ce serait’ n’est pas un personnage parce que la vie n’est pas un personnage, ou alors tous, un par un, les uns collés aux autres, égalité, la petite dame qui fabrique un napperon pour offrir à une autre de l’administration qui prépare un dossier pour qu’on l’expulse, le vieil homme qui a tout oublié y compris son prénom, l’enfant qui a volé et passe en jugement et celui seul à l’arrière de la voiture à attendre, celui qui tient un revolver, infractions, fait-divers, jonctions, des personnages comme des boules de billard qui se choquent se brisent ou esquivent les chocs, l’assiette ébréchée qu’on recolle, on voit encore la marque, la ligne en croissant sur le bol qu’on place juste en face pour boire, on la surveille, on l’apprivoise, on s’en méfie, on l’aime, d’accord, d’accord la brèche, mais qu’est-ce qu’on fait de la petite couverture blanche demande la voix à l’arrière de ma tête / ou c’est moi qui demande à hauteur de ma nuque et souffle


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Messages

  • pas trop capable de dire - juste ça résonne en nous ces mots

  • c’st juste, il faut le dire, ça déchiquette, ça trahit, ça annihile et ça fracasse, les armes, les mots, le temps qui passe, oui, c’est juste tout ça (enfin juste c’est pas le mot juste- et même je crois pas qu’il y ait besoin de mot-c’est quoi,ça ? un adjectif ? enfin j’en sais rien, ça me rappelle ma dixième, j’aime moyen) (parce que le mieux ce serait de dire c’est), il y a toujours des regards, des courbures de l’échine ou de l’âme parce qu’il faut bien, peut-être, obéir aux ordres (?) ou à ses profondes aptitudes et tendances et sentiments (c’est un masculin qui ne l’emporte pas), tout ça c’est vrai et juste, c’est comme ça la vie, oui, avec des cris des heurts des morts des blessures qui jamais ne se refermeront sinon quand on ne pourra plus y penser, peut-être (tu vois j’en mets) qui peut savoir, tout ça est vrai, juste et oblique en effet, mais ce qu’il y a de beau, parfois, c’est le sourire de la petite, assise là derrière et qui comprend qu’on l’aime, alors allez vas y et plus vite encore...

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