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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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[Oblique (textes /premier jet)]

S’il y a un fil, il est fragile

jeudi 21 novembre 2013, par C Jeanney

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S’il y a un fil, il est fragile. Dans la fresque les enfants s’assoient sur l’escalier, l’été. Il y a de grands troncs d’arbres, quatre adossés au mur, et la place large de l’autre côté. L’église donne ses marches, elle les laisse au soleil, l’église donne ses arches en alcôves avec leurs ombres rondes gorgées de chaud, du tissu arrangé, un lit géant qui ferait baldaquin. Eux assis, genoux collés contre le torse, petites mains brunes et des prénoms voyelles. Et ce fil est très mince. Même en envisageant tous les fils possibles, des bobines de toutes les couleurs s’étaleraient, chacune un fil qui court vers la destination et à la fin se tresse, mais cette tresse tient à un fil, n’est qu’un fil. Comme tout a fondu entre temps. Avec cette histoire d’hôtel il est bien proche de se rompre.
Deux jours après, elle est sauvée.
Je ne savais rien, je ne savais pas en lisant Les voilà ! ce poème d’Hugo, Les Pauvres gens, je ne savais pas en le lisant le répétant en l’apprenant par cœur que Les voilà était mon fil, la découverte en tirant le rideau que cette histoire finirait bien.
Pendant ce temps, on parle au théâtre à côté d’une qui est née tout en haut de la botte. Elle est allée à Mexico, elle a vu la révolution, des enfants fuir à Barcelone, des mains, des drapeaux, des mains, le chambardement permanent, avant qu’on la retrouve le cœur mort à l’arrière d’un taxi. Elle photographiait en marchant, sur les marches on est au soleil.
Pendant ce temps, ce qui arrive pendant ce temps ne peut pas tenir dans ses mains. C’est trop d’outils à retrouver, marteaux à battre et à clouer, marteaux de galochier, gouges, tranchets, alênes, ce qui est nommé en français, comment si dice en italien, que l’accent de la Rome des montagnes rend encore plus chaud que les arches.
Le fil est au soumis aux erreurs, aux désirs, aux destinations, au hasard de mains qui réchauffent. Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà. Repoussent l’oblique tant qu’elles peuvent, mais elles ne portent pas de nom.


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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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