TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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TENTATIVES PONCTUELLES //

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devant la tempête

mardi 28 octobre 2014, par C Jeanney

Il y a ce monticule terreux, comme la tête d’un sanglier qui serait venu boire, ou un chien aux oreilles couchées, endormi la truffe contre le sol, son dos s’élargissant en un terre-plein recouvert d’herbes.

Une ville lumineuse et blanche s’en va en diagonale ou c’est nous qui nous partons. C’est un mouvement de va-et-vient, ce geste de prendre et recevoir.

Le ciel la terre en ouverture seraient deux mains en rapprochement, ou écartées, la gestuelle d’une danse oubliée, danse ancienne, danse tribale. Un paysage né de murmures, de bruits de gorge, d’arbres scandés.

Un capuchon de pierre très rond, le sud, une tour crénelée, le nord, sur le pont qui relie terre et ciel et s’aligne pour former un nouvel horizon, calqué sur le premier, une ligne construite avec complexité et régularité, cherchant le long des arches un rythme, un pont décidé à grandir s’il s’approche, mourant décidément au loin, le lien accidentel entre deux espaces larges, irrésolu, indépassable.

Des nuages obsolètes enfuis depuis longtemps. La foudre en traverse les corps. Pas de trame, pas de toile.

L’homme sur un pied se tient danseur. La femme plie son genou, observe et donne à boire, sur sa cuisse se posent des plantes acérées qui s’emmêlent, les mêmes que Botticelli fait surgir de la bouche de Flore.

Au loin toujours la foudre. Toujours la foudre. Il n’y a pas de blancs, pas de silences et pas d’interruptions. Les ombres améliorent le relief et les nuages bougent, l’eau coule continuellement avec ses frisures de lumière, disparates, rétrécies, tremblements, scintillements qui s’allongent. On pense la foudre comme un éclat, une seconde, mais ici elle choisit de durer, durer toujours, la foudre. Lorsqu’on ne la voit pas, c’est qu’elle reste en retrait comme fondue, rentrée à l’intérieur d’une coque noire, d’une chape de velours obscur, la nuit.

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