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« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

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marges #4

jeudi 21 décembre 2017, par C Jeanney


- sorte de journal de résidence à l’IMEC - abbaye d’ardenne -


(exemplaires personnels des livres d’hélène bessette, #archives)


sur la page titre de materna, elle a barré le titre d’un trait qui semble tendre vers le rouge rosé, puis a réécrit en dessous d’une écriture presque enfantine
m a t e r n et le a majuscule :
maternA
par hélénA
bessettA


la page suivante est raturée elle aussi
est ajouté au crayon de papier autobiographique

ensuite est indiqué première partie a maj
encerclé de rouge rose avec la mention sur une page 
c’est son exemplaire qu’elle annote, ajoute un s manquant, change un coup d’œil en un clin d’œil, rétablit les minuscules les majuscules les passages à la ligne


une fois dehors, sous le porche de la porterie saint norbert pour me garder de la pluie, je crois voir « materna » écrit dans la pierre

il y a des plantes qui survivent ici en s’insinuant dans les fentes, et d’autres plantes fantômes qui apparaissent sur la porte de bois selon une floraison massive et indistincte, un nuage vivant
il n’y a pas d’histoire
ou bien tout est histoire
pas de fiction
ou bien nous vivons tous dans la fiction

c’est peut-être pour ça qu’on ne se comprend pas ou qu’on se comprend mal, quand toutes les fictions intimes se frôlent sans se toucher, quand les masses végétales pensées et dites (ou écrites) ne peuvent pas s’interpénétrer

les sons ici dans la bibliothèque voyagent, se répercutent dans les pierres et les cercles creusés dans le bois pour adoucir l’écho
les pensées et les gestes voyagent aussi, de l’un à l’une à l’autre et au suivant
tentaculaires
– rhizome

est mort celui ou celle qui voudrait contenir les passages d’un son à l’autre, d’une pensée à un geste, etc.

élever des murs est un acte de mort qui n’apporte que la destruction
réellement

(dans la réalité, ni rhétorique ni théorique)

sur les étagères toutes les versions d’un même livre s’épaulent (allemande, japonaise, espagnole...), car on sait bien ici que toutes les langues se chevauchent, que c’est une chance

« une langue est bonne quand elle est claire » dit l’autre
qui parlacadémie costumamidonné

je me dis qu’une langue est bonne dès qu’elle s’entend
que la clarté est une qualité pour les vitres et les ultimatums,
et qu’au contraire un mot porte avec lui quantité
d’autres mots – ils voyagent en troupeaux –
un mot n’est jamais seul et se complexifie
de la présence des autres
comme nous nous nuançons,
infiniment,
de ce que l’autre existe et dise
(se dise lui, nous dise nous)
avec et à travers la brume




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marges #2
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