TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

archives

AUTRES TENTATIVES //

[directions]

ou une autre

jeudi 17 janvier 2013, par C Jeanney

ou ce serait une autre direction, une qui attendrait en silence et tapie quelque part qu’on la trouve, une direction farouche qui fuit quand on l’approche, et il faut avancer pas légers, ou bien la prendre par surprise, dos au mur, et puis la rassurer ensuite, on ne voudrait pas lui faire de mal, seulement la suivre, sauter d’une pierre à l’autre hop derrière elle (il y aurait un torrent à traverser bien sûr, ou bien un fleuve, ou bien un pont, on s’arrêterait juste au milieu pour voir en contrebas, une colline aussi qui cacherait l’horizon, puis se dévoilerait à mesure qu’on avance, toujours comme ça avec les directions)

ou ce serait maîtrisé, totalement contrôlé, une direction établie/établi, travailleuse, un beau quadrillage de bois, solide, à angles droits, à peine rugueuse, juste un coup de papier de verre et ça ira, cette direction là peut être tortueuse aussi, et sembler incompréhensible, parce que son cadre est inventé hors cadre, avec des latitudes et longitudes nouvelles, c’est seulement vers la fin quand tout est parcouru qu’on peut se retourner sur elle, l’envisager, et ça fait un visage justement, celui d’un ours, ou d’une déesse, ou ça dessine un continent, une rampe d’escalier, un engrenage, un souvenir même pas détruit, quelle chance, on aurait l’impression de gagner quelque chose, de gravir quelque chose de comprendre quelque chose, ça n’est pas rien, et la fatigue ensuite ça ne compterait pas (de la "bonne fatigue" comme on dit, ce genre là)

ou ce serait télescopage, on n’aurait rien prémédité et la direction arriverait, les deux pieds sur la table debout pendant qu’on mange, on lève la tête et impossible de faire semblant de la rater, de feindre l’étourdie, elle se moquerait d’ailleurs et on aurait encore plus honte, alors on pousserait son assiette, sans respirer (ou seulement un soupir interne, les dents serrées, comme dans ces minutes qui comptent, on doit avoir le tour des yeux très blanc dans ces cas-là, les joues qui creusent) et on suivrait cette direction énorme, parce qu’il le faut, une destination sourde à qui demande des détails, on la prendrait, simplement, comme un sac, comme une flèche, comme le froid, avec même pas assez de métaphores pour la rendre docile, apaisée (cette direction la pire, la plus têtue, mais peut-être bizarrement celle qu’on chérit le plus, ce genre-là)

ou une autre

Messages

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.