TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - hors

mercredi 27 août 2025, par c jeanney

Le faucon crécerelle tourne dans le ciel en criant, et son cri possède deux couleurs. Lorsqu’il fait clair, c’est l’ordre des choses, la mécanique des fluides, le brassage d’événements plus grands que soi et curieux à observer. S’il fait gris et qu’au-dessus de soi il y a comme un couvercle, c’est lancinant et inquiétant. On dit que les mêmes choses produisent les mêmes effets mais ce n’est pas tout à fait vrai, puisque le même cri apaise ou glace. Mes matins commencent de la même façon, mais NT n’y a pas le même futur possible. Soit il sera là, comme quelqu’un qui pose un pied devant l’autre, soit il glissera comme un papier sous une table. Souvent je passe au même endroit, sous les mêmes fenêtres, mais je n’entends pas la même chose selon le cri en cours. Ce rapace qui chasse, je ne le vois pas, car les murs sont trop hauts et la portion de ciel disponible trop étroite, et c’est pareil avec tout le reste, avec tous les cris invisibles. Depuis que je suis née il y a eu des cris dans une proportion insoupçonnée et à chaque fois les plus fragiles mouraient, comme maintenant. Je ne sais plus qui hier parlait de la notion de progrès, et disait que ce mot, progrès, avait été confisqué par la technique, l’industrie, l’expansion économique, que c’était bien dommage et restrictif, et qu’il nous fallait (nous l’humanité) reprendre le mot ’progrès’ dans un sens moins mesquin /monnayable. Ce serait bien, mais la majeure partie des gens n’a pas le temps d’y réfléchir, roue du hamster, survie. Quand je rentre, je couds ou bien je colle ou bien je tente les couleurs sur du papier, et des outils variés, et je me rétrécie sur ce qu’il est possible de faire dans mon périmètre (râler, tempêter, m’émouvoir, chercher, plisser les yeux pour tenter de mieux voir où mieux entendre, y compris les sons perçants. NT me renvoie à ça, à un mode d’existence aux aguets. J’enquête sur les disparitions. Je me demande ce que le faucon crécerelle pense des cloches, est-ce qu’il les prend pour les cris d’un congénère gigantesque qui chasserait au même moment je ne sais quelles proies).

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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