Lu hier quelqu’un et son raisonnement avait pour paramètre explicite "pourquoi tout le monde ne fait-il pas comme moi ?" Et il ajoutait que ce tout le monde, celleux qui faisait ce choix absurde de ne pas faire comme lui, le faisaient pour des raisons médiocres (désinvolture, paresse, vision étriquée, courtermisme, en résumé manque d’intelligence). En plus du peu de décentrement, je crois que le "pourquoi tout le monde ne fait-il pas comme soi" est ravageur, il ressemble aux marteaux d’Another Brick In The Wall. Duplication, reproduction, notre solution donc notre égo mais répandu, présenté comme logique donc logiquement totalitaire. Si demain matin tout le monde se réveillait changé en soi, d’accord avec soi, agissant comme soi, sur la même longueur d’onde centrale que soi, est-ce qu’il resterait seulement une seule minuscule raison de vivre ? Vivre, c’est foisonner, la vie foisonne. On a un problème avec la mort en ce moment. Elle passe sous les radars (france championne d’europe des morts au travail), elle est ignorée (guerres muettes car lointaines), elle est remise en question (images contestées, délégitimisées), combattue (sang de son fil réinjecté en soi comme élixir de jouvence), dépassée (survie de l’espèce passant soit par l’extra planétaire soit par la construction de bunkers, ou les deux). Si on a un problème avec la mort, on a un problème avec la vie. Au fond, celui qui dit "pourquoi tout le monde ne fait-il pas comme moi" refuse, de toutes ses forces et avec à l’avance un chagrin inimaginable, de mourir. Alors, même s’il dit quelque chose d’inhumain (We don’t need no thought control), ça le rend humain, c’est ce que je comprends. Je suis bien avancé, dit le lapin bleu.

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