block note - pince
mardi 16 septembre 2025, par

Je suis définitivement emmêlée. Si mes données internes étaient visibles extérieurement, je serais le monsieur sale des monsieurs bonhomme, une sorte de gribouillis sur pattes, ce qui ferait sourire les enfants, au moins ça. Je me bats avec NT, je lui donne de petites claques, mais ce sont mes joues que j’atteins. Je me dis que les principes que je voulais appliquer ne tiennent pas. Ça n’est pas possible ce "nous". Je voulais écrire un "nous", avec moi dedans, au même niveau que le reste, une sorte de scribe commun. Attraper, capter, dérouler, déficeler (la tête de fil emmêlé de monsieur sale a toute sa place), et étaler peut-être, ou déployer en suivant les changements des couleurs. C’est très clair dans ma tête ce que je veux : je vois clairement NT. Mais arrive ce problème du "nous" (s’il n’y a pas de nous, pas de NT), comment faire nous ? En ce moment c’est impossible. Je ne fantasme pas la montée des fascismes et la terrible bienveillance qui l’accompagne. Je ne suis pas "nous". Nous ne devrions pas nous poser la question de la qualité du débat, nous ne devrions pas utiliser "débat", c’est un mot trop fragile. Le fascisme n’est pas là pour débattre, il est là pour galvaniser, exacerber les instincts non-humains. Il dit (elon musk dit) que la faiblesse de l’humanité c’est l’empathie. Il y a deux "nous", un nous prêt à gober cela, à remettre en question l’état de droit, et un autre, non-masculiniste, non-raciste, non-oppresseur, non-pollueur, rien que des mots d’ordre basiques, simplistes, le genre de gentillesses qu’on trouve dans des livres pour enfant. Dans la série des monsieurs bonhommes, s’il y a monsieur sale tout emmêlé à mon image, madame bonheur ou monsieur chatouille, je ne veux pas voir arriver monsieur anti-avortement, climatosceptique, pro-armes, raciste, antisémite et homophobe. Je ne peux pas faire "nous". Donc je ne peux pas écrire NT. Sauf à l’élaguer. Sauf à ignorer cette partie du "nous" qui détruit le nous, détruit l’humain. Je ne peux pas l’ignorer en ce moment, je ne vois que lui. Et pourtant je veux écrire NT (le doigt, l’écorce etc.). Hier j’ai pris la résolution de ne plus essayer de l’écrire, de le ranger dans un tiroir, de l’archiver en attendant des jours meilleurs, et j’étais soulagée de cette décision, une sorte de ouf libérateur, enfin la place de faire autre chose, et qu’as tu envie de faire ? (je me posais la question) : écrire NT. Problème non résolu. Mon problème est tout petit. Le "nous" a des problèmes plus graves, comme la vie et sa destruction, et la honte de ne rien vouloir voir. "Nous attendons la mort" dit une voix de femme à la radio. "Il n’y a que les imbéciles qui n’ont pas peur", dit une voix d’homme. Je rouvre Les Cénaclières histoire de respirer.

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Messages
1. block note - pince, 17 septembre, 08:33, par brigitte celerier
et en même temps... (zut une expression plombée par petit prince, tant pis ignorons le) le nous ne veut être rangé
pensées Christine