block note - recoudre
vendredi 29 août 2025, par

Tant qu’à faire, pour le livre 3 des Vagues que je ne sais pas encore nommer, autant que je me laisse totalement aller. J’ai envie de feuilles de couleurs et aussi de différents formats de pages. Il y aurait trois parties distinctes, avec chacune sa police de caractère, son format, son support, mais qui tiendraient ensemble. Pour le livre-Vagues c’était pareil, je devais aussi faire l’équilibre entre la faisabilité (ce dont je suis capable matériellement) et l’objet rêvé, l’utopie (comme dans la vie). Et puis il y a les caractéristiques techniques de lisibilité, des pages à ouvrir et feuilleter facilement. Mon utopie doit être pragmatique (et dans la vie certaines le sont, sauf qu’on les imagine inaccessibles). Je suis heureuse de vivre là où on n’achète pas d’armes au centre commercial, pour d’autres, dans d’autres endroits, cette donnée est du domaine du rêve. Pourtant c’est une utopie simple. Je ne sais pas quoi faire de ce que je lis : "de récentes instructions du ministère de la Santé invitent les différentes agences régionales de santé du pays à se préparer à un possible ’engagement (militaire) majeur’ de la France d’ici le mois de mars 2026" (ce serait dans le Canard enchainé). Je lis Bell Hooks.
"Je dois vendre des places pour le mariage de Tom Pouce, l’un des spectacles que nous jouons à l’école. Ça n’a rien d’amusant pour les enfants. Nous devons enfiler des habits de mariage en papier crépon et endurer une cérémonie pour le divertissement des adultes. J’en suis malade, et tout le monde s’en moque. Comme toutes les autres filles, je veux le rôle de la mariée, mais on ne me choisit pas. C’est toujours une question d’argent. Les rôles importants reviennent aux enfants dont les parents ont de l’argent à distribuer et qui travailleront dur pour vendre les places. J’ai de la chance d’être demoiselle d’honneur, de porter une robe en papier crépon rouge faite sur mesure pour moi. Je ne suis pas ravie de cette chance. Je préférerais ne pas porter de robe en papier crépon, ne pas participer à un mariage imaginaire. Ils me disent que j’ai de la chance d’avoir la peau plus claire, pas noire noire, pas marron foncé, et des cheveux presque raides, sinon je ne figurerais peut-être même pas dans le mariage du tout, sinon, je n’aurais peut-être pas cette chance.
Cette chance me met en colère et quand je suis en colère, les choses tournent toujours mal. Nous répétons dans nos robes en papier, descendant l’allée aux notes de la marche nuptiale. Nous nous entraînons à être des mariées, à être des filles qui grandiront pour être données en mariage. Mes jambes préfèrent courir, sortir de là les démange. Ce sont des jambes qui rêvent, des jambes aventureuses. Elles ne peuvent pas descendre l’allée sans protester. Elles vont trop vite. Elles vont trop lentement. Elles ralentissent tout. La fille derrière moi marche sur la robe ; la robe se déchire. Elle s’écarte de ma chair comme des jambes fendent l’air en courant. La voilà, ma vraie chance. J’espère qu’on va m’envoyer me rasseoir, mais ils disent Non, nous n’envisageons pas de te retirer du spectacle. C’est le rêve de toute fille de participer à un mariage, ils le savent pertinemment. Il faut recoudre la déchirure. La robe rouge, comme le cœur d’une femme, doit se déchirer en silence et en secret."
Noir d’os de Bell Hooks, traduction Lorraine Delavaud
J’ai trouvé un livre en brocante sur les pouvoirs psychiques, je l’ai pris à cause de son habillage, des photos que je pourrais réutiliser dans des collages, comme par exemple celle-ci :

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. block note - recoudre, 29 août, 21:30, par brigitte celerier
"Mon utopie doit être pragmatique " oui et ce n’est pas forcément inaccessible (je te fais confiance)
chouette le livre
1. block note - recoudre, 1er septembre, 11:21, par c jeanney
ce livre est moultement intéressant (je me moque un peu, mais il y a des fictions très jolies, comme celle de Dorothy Louise Eady, qui embrasse les pieds des statues égyptiennes du british museum en criant "c’est ma maison, c’est ma maison")