TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

JOURNAL DE TRADUCTION DES VAGUES #WOOLF

journal de bord des Vagues -116 ["au milieu des lumières, des épluchures, des miettes, des gens qui passent"]

vendredi 22 septembre 2023, par C Jeanney

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(journal de bord de ma traduction de
The Waves de V Woolf)

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(la salle de restaurant, et le dîner prend fin)

 le passage original

’Now once more,’ said Louis, ’as we are about to part, having paid our bill, the circle in our blood, broken so often, so sharply, for we are so different, closes in a ring. Something is made. Yes, as we rise and fidget, a little nervously, we pray, holding in our hands this common feeling, "Do not move, do not let the swing-door cut to pieces the thing that we have made, that globes itself here, among these lights, these peelings, this litter of bread crumbs and people passing. Do not move, do not go. Hold it for ever."’
’Let us hold it for one moment,’ said Jinny ; ’love, hatred, by whatever name we call it, this globe whose walls are made of Percival, of youth and beauty, and something so deep sunk within us that we shall perhaps never make this moment out of one man again.’
’Forests and far countries on the other side of the world,’ said Rhoda, ’are in it ; seas and jungles ; the howlings of jackals and moonlight falling upon some high peak where the eagle soars.’
’Happiness is in it,’ said Neville, ’and the quiet of ordinary things. A table, a chair, a book with a paper-knife stuck between the pages. And the petal falling from the rose, and the light flickering as we sit silent, or, perhaps, bethinking us of some trifle, suddenly speak.’
’Week-days are in it,’ said Susan, ’Monday, Tuesday, Wednesday ; the horses going up to the fields, and the horses returning ; the rooks rising and falling, and catching the elm trees in their net, whether it is April, whether it is November.’



mon problème
(mais "problème" n’est pas le mot, à chaque fois il s’agit d’une énigme à déchiffrer)
c’est ce que cela dessine
le mouvement, les formes

ce pourrait être un tableau animé
tableau abstrait
un cercle se forme
un globe se remplit
une ligne claire vers le bas, vers le haut
des cris à l’arrière-plan en filigrane
des hauteurs, un filet déployé
de petits éclats calmes
un va-et-vient qui stabilise, se stabilise
ou qui agit au ralenti
tout en même temps

le plus ardu :
something so deep sunk within us that we shall perhaps never make this moment out of one man again.
et je veux que ma phrase finisse par again, pour qu’elle résonne en note de piano avant silence
et puis il y a l’unique, le noyau
un autre homme que Percival pourra-t-il jamais créer/recréer ce moment ?
il faut que je garde dans la phrase cette naissance particulière, ancrée en un seul, out of one man, venue d’un seul (lequel s’en va, s’éloigne, part pour l’Inde)

il y a ces mouvements contraires, tous en même temps
l’anneau qui se brise et se répare
eux qui se lèvent et bougent en restant immobiles
ce qui file, ce qu’on garde, et les deux sont vrais
Hold it for ever / Let us hold it for one moment
adorer haïr, quelle importance de nommer ce qui n’est qu’un seul sentiment, clair-obscur
le rai de lumière tombe, l’aigle s’élève
les chevaux grimpent la colline et du même mouvement redescendent
les corbeaux attrapent tout, enserrent tout, dans leur vol unique
tout comme les mains se joignent en une prière unique
les corbeaux, à la fin de ce passage, englobent tout
(dans englobe il y a "globe", j’ai pensé à écrire "englobent dans leurs filets les ormes", mais ça aurait été tordre en vue de ce que je crois comprendre, donc non)

ils parlent ils font silence, unis
c’est la vie
faite de miettes, de calme et de gestes foudroyants
(cette magie de VW, stupéfiante)


 ma proposition

« Une fois encore, alors que nous allons nous séparer après avoir réglé l’addition, dit Louis, le cercle dans notre sang, si souvent brisé, brisé net, puisque nous sommes si différents, se referme en anneau. Quelque chose s’est formé. Oui, tandis que nous nous levons, commençant à nous agiter, un peu nerveux, nous prions, les mains jointes autour du même sentiment, "ne pas bouger, empêcher la porte battante de mettre en pièces cette chose que nous avons formée ici, ce globe au milieu des lumières, des épluchures, des miettes, des gens qui passent. Ne pas bouger, ne pas partir. Le conserver, toujours." »
« Le conserver, juste un instant, dit Jinny ; amour, haine, peu importe le nom qu’on lui donne, ce globe dont les parois sont faites de Percival, de jeunesse, de beauté, et d’un sentiment si profondément enfoui en nous que, peut-être, nous ne revivrons pas cet instant né d’un autre, jamais. »
« Les forêts, les pays lointains de l’autre côté du monde, dit Rhoda, se trouvent à l’intérieur ; les mers et les jungles ; les hurlements des coyotes, la clarté de la lune retombant sur des pics où l’aigle monte en flèche. »
« Il contient le bonheur, dit Neville, et le calme des choses ordinaires. Une table, une chaise, un livre, un coupe-papier coincé entre les pages. Le pétale tombé d’une rose, la lumière qui vacille quand nous sommes assis en silence, ou lorsque nous parlons soudain d’une chose sans importance. »
« Il contient chaque jour de la semaine, dit Susan, lundi, mardi, mercredi ; les chevaux qui montent vers les champs et ceux qui en reviennent ; les corbeaux qui s’envolent, redescendent, prennent dans leurs filets les ormes, que ce soit avril ou novembre. »

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( work in progress )

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)</

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